CONTENUE

Guerre d'Indochine

Indochine française

Protectorat français du Laos

Protectorat français du Cambodge

Guangzhou Wan

Vi?t Minh

Parti communiste vietnamien

Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient

République démocratique du Viêt Nam

Georges Thierry d'Argenlieu

Cochinchine

Légion étrangère

Char M24 Chaffee

Armée nationale vietnamienne

Pathet Lao

Khmers issarak

Guerre d'Algérie

Accords de Genève

République du Viêt Nam

France

État du Viêt Nam

Raoul Salan

Jean de Lattre de Tassigny

Marcel-Maurice Carpentier

Marcel Alessandri

Jean Étienne Valluy

Henri Navarre

René Cogny

Nguy?n Van Hinh

Hô Chi Minh

Võ Nguyên Giáp

Nguyen Binh

Ph?m Van Ð?ng

Souphanouvong

Ngô Ðình Di?m

Combats en Indochine (1945)

Gouvernement provisoire de la République française

Union française

Pierre Messmer

Jean Sainteny

Paul Mus

MAC 24/29

Philippe Leclerc de Hauteclocque

Charles de Gaulle

Hanoï

Hô-Chi-Minh-Ville

Armée populaire vietnamienne

Bataille de Hanoï

Bataille de Phu Tong Hoa

Histoire de la marine française

Tchang Kaï-chek

Opération Lorraine

Bataille de Na San

Bataille de la RC 4

Kuomintang

Opération Hirondelle

Opération Brochet (1953)

Opération Mouette

Opération Castor

Bataille de Diên Biên Phu

Forces armées françaises

Troupes coloniales

Opération Léa

Bataille de Nghia Lo

Opération Camargue

Opération D

Roger Blaizot

René Mayer

Ði?n Biên Ph?

Province de Lai Châu

Tonkin

Langues tai

1er régiment de chasseurs parachutistes

6e régiment de parachutistes d'infanterie de marine

1er régiment étranger de parachutistes

8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine

5e bataillon de parachutistes vietnamiens

Fil de fer barbelé

Ordre de bataille de Diên Biên Phu

13e demi-brigade de Légion étrangère

Jules Gaucher

7e régiment de tirailleurs algériens

1er régiment de chasseurs à cheval

Pierre Langlais

Geneviève de Galard

4e régiment de tirailleurs marocains

Douglas A-26 Invader

Grumman F8F Bearcat

Armée de l'air (France)

Fairchild C-119 Flying Boxcar

Saint-Étienne

Georges Boudarel

Diên Biên Phu (film)

LA LEGION ET LA BATAILLE A ÐIÊN BIÊN PHÚ

LA LEGION EST LEUR PATRIE

La Légion est partout en Indochine : dans les rizières, dans la brousse des montagnes, dans les marécages du Sud. Par petits groupes les légionnaires tiennent des postes isolés. Au fond de l'Asie, chacune de ces unités a gardé ses traditions de l'Afrique romantique : le panache et la mélancolie; les fêtes bruyantes et les combats jusqu'à la dernière cartouche. Dans les blockhaus, les hommes posent leur fusil à côtés de leurs mousquetaires. Au foyer on vend des boissons, des cigarettes et des cartes postales romanesques. Mais ont peut aussi y consulter le tableau des couchers et des levers de la lune. C'est lorsque celle-ci disparaît que le Viet choisit d'attaquer. Ces heures d'angoisse, où le légionnaire ne dort que d'un œil, où les patrouilles de sécurité se glissent au dehors à pas de chat, où chaque ombre est suspecte, inscrivent de nouvelles pages d'héroïsmes silencieux dans la légende des hommes sans nom.

13e demi-brigade de Légion étrangère (III/13e DBLE)

Hommage aux combattants de Diên Biên Phu

" La Commission manquerait à son devoir si, au terme de ses travaux, elle ne rendait un juste et plein hommage aux cadres et aux troupes des Forces terrestres, maritimes et aériennes qui directement ou indirectement défendirent Diên Biên Phu, pendant 57 jours et 57 nuits, sans que leur coeur défaillît.

" Si leur fermeté d'âme, leur esprit de sacrifice et leur fidélité à l'honneur et au devoir n'ont pu leur épargner une défaite dont les causes les dépassèrent, leurs vertus militaires ont, du moins, inscrit la défense de Diên Biên Phu au nombre des actions de guerre glorieuses et mémorables, dont ils ont le droit de s'enorgueillir et dont la Nation doit leur être reconnaissante.

" L'Histoire dira d'eux, placés dans une situation désespérée, ils ont résisté jusqu'à la dernière heure, qu'ils n'ont pas amené les couleurs et que, si la position qui leur a été confiée a été submergée, elle ne s'est pas rendue.

" A tous ces Combattants de l'Union Française honneur doit être fait et tout d'abord à ceux de la garnison qui menèrent la lutte pied à pied et sans répit et dont les survivants connurent l'épreuve amère de la captivité, tout spécialement aux fantassins du 5ème Bataillon de Marche du 7ème Tirailleurs Algériens qui fit chèrement payer à l'ennemi la conquête de "GABRIELLE"; au 8ème B.C.P et au 1er B.E.P. qui s'employèrent à fond, tout comme le 6ème B.C.P., le 2/1ème R.C.P., la 2ème B.E.P., le 3ème R.E.I., le 1er Bataillon de Marche du 4ème R.T.M.; aux artilleurs des 2ème et 4° groupes du 4ème R.A.C. et au 3ème groupe du 10ème R.A.C. qui au prix du tiers de leurs effectifs et tirant à découvert, tinrent sous le feu du Viêt-Minh; aux sapeurs des 2ème et 3ème Compagnies, du 31ème Bataillon du Génie inlassablement sur la brèche; aux chars qui furent présents dans toutes les contre-attaques; aux aviateurs qui combattirent comme fantassins après l'interdiction de la piste d'atterrissage; au Service de Santé qui fit mieux que son devoir, en dépit des difficultés techniques hors de mesure.

" Honneur doit être fait également aux formations aériennes qui déployèrent une activité dépassant toutes les possibilités admises et, malgré, des obstacles de toute nature, appuyèrent et ravitaillèrent le camp retranché; aux unités de l'Aéronavale qui firent un effort exceptionnel pour coopérer avec les Forces de l'Air en engageant, sous le commandement du C.G.A.T.A.C., la totalité de l'aviation embarquée et tous les quadrimoteurs destinés à la surveillance du littoral et en réussissant à armer une flottille supplémentaire pendant la bataille.

" Fidèles, en ces circonstances critiques, à leurs traditions, les équipages de l'Air et ceux de l'Aéronavale n'ont pas marchandé, leur appui matériel et moral à leurs camarades du camp retranché. Ils en ont partagé leurs périls, ils les ont aidés à tenir et à durer. Ils partagent aussi leur gloire. "

PARIS, le 3 décembre 1955

Le Général d'Armée CATROUX,

Grand Chancelier de la Légion d'Honneur.

Le Général d'Armée Aérienne VALIN.

L'Amiral LEMONNIER.

Le Gouverneur Général LE BEAU.

(Après une enquête qui s'est étalée sur plus d'une année, la commission présidée par le général CATROUX a remis au gouvernement français un rapport détaillé sur les combats de Diên Biên Phu. Ce rapport revêtait un caractère secret. Par contre sa conclusion a été rendue publique et c'est elle qui est ici reproduite dans son intégralité)

« […] Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme. »

Dans cette bataille, dans l'incapacité de se reposer ni d'être relevés, les Français font preuve d'une combativité et d'une résistance exceptionnelles. Il y a de nombreux cas de morts d'épuisement. On entend des hommes se battre en chantant La Marseillaise au cours des combats. Lorsqu'on sollicite les blessés pour retourner au combat - faute de combattants valides -, il y a encore des volontaires. La nuit, les explosions, les balles traçantes et les fusées éclairent le champ de bataille comme en plein jour. Les canons français tirent tellement qu'ils étaient chauffés au rouge. Parmi les actes les plus notables, citons le combat de dix soldats du 6e BPC qui résistent sans soutien aux assauts Viêt Minh pendant huit jours. Au moment de déposer les armes, ils tiennent toujours leur position. Il y eut deux survivants, les brigadiers Coudurier et Logier

6e BPC : 6e bataillon de parachutistes coloniaux

II/1er RCP : 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes

1er BPC : 1er bataillon de parachutistes coloniaux

1er BEP : 1er bataillon étranger de parachutistes

8e BPC : 8e bataillon de parachutistes de choc

5e BPVN : 5e bataillon de parachutistes vietnamiens

III/13e DBLE : 3e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère

PA : point d’appui

Guerre d'Indochine

Une patrouille de légionnaires en zone contrôlée par les Viêt Minh. Le M24 Chaffee a été fourni par les Américains.

Informations générales

Date 19 décembre 1946 – 21 juillet 1954 Lieu

Indochine française Casus belli

Bataille d’Haiphong, puis coup de force et prise du maquis du gouvernement de Hô Chi Minh.

Issue Victoire vietminh

Accords de Genève

Fin de la Fédération indochinoise (1954) et de la présence française en Indochine (1956)

Indépendances du Viêt Nam, du Cambodge et du Laos

 Partition du Viêt Nam entre Nord Viêt Nam et Sud Viêt Nam

Belligérants

  Union française

  France

  État du Viêt Nam

  Cambodge

  Laos

Soutenus par :

  États-Unis

  Viêt Minh

  Pathet Lao

  Khmers issarak Soutenus par :

  Chine

  Union des républiques socialistes soviétiques

Commandants

  Raoul Salan

  Jean de Lattre de Tassigny

  Marcel-Maurice Carpentier

  Marcel Alessandri

  Jean Étienne Valluy

  Henri Navarre

  René Cogny

  Nguy?n Van Hinh

  Hô Chi Minh

  Võ Nguyên Giáp

  Nguyen Binh

  Ph?m Van Ð?ng

  Souphanouvong Forces en présence

Union française : 190 000

Auxiliaires locaux : 55 000

État du Viêt Nam : 150 000

Total : ~400 000

125 000 réguliers,

75 000 régionaux,

250 000 forces populaires / irréguliers

Total : 450 000

Pertes

Union française : 75 581 morts,

64 127 blessés,

40 000 prisonniers État du Viêt Nam : 419 000 morts, blessés ou prisonniers

Total : ~560 000 morts, blessés ou prisonniers

Total :

300 000 morts,

500 000 blessés,

100 000 prisonniers

Total : 900 000 morts, blessés ou prisonniers

 + 150 000 civils tués

Guerre d’Indochine

Batailles

Bataille de Hanoï – Opération Léa – Bataille de Phu Tong Hoa – Bataille de la RC 4 – Bataille de Nghia Lo – Opération Lorraine – Bataille de Na San – Opération Camargue – Opération Hirondelle – Opération Brochet – Opération Mouette – Opération Castor – Bataille de Diên Biên Phu – Opération D – Extension au LaosLa guerre d’Indochine est un conflit armé s’étant déroulé de 1946 à 1954 en Indochine française, et ayant abouti à la fin de cette fédération ainsi qu’à la sortie de l’Empire colonial français des pays la composant. Ce conflit fit plus de 500 000 victimes.

En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit avec l’Empire du Japon aboutit à la désorganisation complète de l’administration coloniale française en Indochine. Le Vi?t Minh, mouvement nationaliste fondé par le Parti communiste indochinois, en profite pour prendre le contrôle d'une grande partie du territoire vietnamien : H? Chí Minh, son chef, proclame le 2 septembre 1945 l’indépendance de la République démocratique du Viêt Nam. Le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) reprend progressivement le contrôle de l’Indochine : l’État Français repense ensuite le statut de la fédération au sein de la nouvelle Union française. Un conflit larvé se poursuit avec le gouvernement indépendantiste vietnamien, tandis qu’une solution diplomatique est en vain recherchée. Le haut commissaire d’Argenlieu suscite en juin 1946 l’autonomie de la Cochinchine; c’est une entorse aux accords Hô-Sainteny. En novembre 1946 éclate l’affaire d'Haiphong; ce sont des affrontements liés à un contrôle douanier. Le bombardement du port par la marine française et ses dizaines de milliers de victimes civiles rendent la paix impossible. La guerre éclate au grand jour à la fin 1946, quand le Vi?t Minh tente un coup de force contre les Français puis prend le maquis. Plusieurs années de guérilla opposent alors le Corps expéditionnaire à l’Armée populaire vietnamienne, force armée du Vi?t Minh, qui passe progressivement à une guerre de mouvement de plus en plus audacieuse. La France fonde en 1949 l’État du Viêt Nam, gouvernement central vietnamien proposant une alternative politique à H? Chí Minh, et le dote d'une force militaire, l’Armée nationale vietnamienne, afin de « vietnamiser » le conflit. Le Laos et le Cambodge sont également concernés par le conflit, le Vi?t Minh soutenant des mouvements indépendantistes moins importants, le Pathet Lao et les Khmer Issarak. Les États-Unis apportent à partir de 1949 (victoire communiste en Chine) et surtout 1950 (guerre de Corée) un soutien matériel à la France, tandis que la République populaire de Chine aide officieusement le Vi?t Minh à partir de 1949.

La France, affaiblie par l’instabilité politique de la Quatrième République, doit gérer une guerre de plus en plus coûteuse et impopulaire. Des pourparlers de paix sont entamés à Genève en 1954, alors même que sa défaite lors de la bataille de Diên Biên Phu met la France en situation de faiblesse psychologique. Les accords de Genève mettent fin à l'Indochine française (le Royaume du Cambodge ayant déjà proclamé son indépendance en novembre 1953) et laissent le Viêt Nam divisé en deux États. La fin de cette guerre coïncide sensiblement avec le début de la guerre d'Algérie, qui durera huit ans elle aussi.

La guerre d'Indochine est la première d’une série de guerres qui se sont déroulées sur les territoires de l’ancienne Indochine française : elle a été suivie par la guerre du Viêt Nam (elle-même accompagnée de deux conflits annexes, la guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne), puis par la guerre sino-vietnamienne. Ces deux derniers conflits sont parfois appelés, respectivement, 2e et 3e guerres d’Indochine.

Origines

Situation historique

En 1884, la France réunit la Cochinchine, l'Annam, le Tonkin, le Laos, et le Cambodge au sein de l'Indochine française.

Lors de la Première Guerre mondiale, les Annamites, nom donné aux Vietnamiens par les métropolitains jusqu’en 1945, aidèrent à l'effort de guerre sur la ligne de front et dans les usines françaises.

Dans les années 1920 et au début des années 1930, avec la révolte de Vinh et la mutinerie de Yên Bái (évoquées en 1992 dans le film français Indochine), les bagnes, comme le bagne de Poulo Condor, ont contribué à développer des nationalismes de tendances très diverses :

Les royalistes de la Cour de Huê, comme la famille de Ngo Dinh Diem : son père fonda l’École nationale "Quoc Hoc" de Huê fréquentée par Ngo Dinh Diem et le futur Hô Chi Minh. Le premier d'entre tous est certainement le prince Vinh San (1899–1945) intronisé sous le nom dynastique d'« Empereur Duy Tân » en 1907, détrôné en 1916, exilé à la Réunion par les autorités coloniales et mort mystérieusement le 26 décembre 1945 dans un accident d'avion en Afrique centrale, peu après la déclaration d'indépendance du Viêt Nam du 2 septembre 1945.

Les pro-Japonais, qui fondèrent le Parti "Dai Viêt" à la suite de l’intellectuel nationaliste Phan Boi Chau, pionnier du nationalisme vietnamien du XXe siècle, exilé au Japon par l’administration coloniale française.

Les pro-Chinois du Parti nationaliste VNQDÐ (Vi?t Nam Qu?c Dân Ð?ng), proches du Kuomintang de Sun Yat-sen et Tchang Kaï-chek, qui lancèrent la révolte ratée de Vinh et la mutinerie de Yên Bái dans les années 1920 et 1930.

Les pacifistes de Phan Châu Trinh (grand-père de Nguyên Thi Binh).

Les communistes du Parti communiste indochinois (PCI) fondé en 1930 par Nguyen Ai Quoc (futur Hô Chi Minh) à Hong-Kong. Au Viêt Nam, le PCI était le plus important des groupes nationalistes.

Conséquences de la Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'occupation par l'Empire du Japon montra aux Vietnamiens les faiblesses de leur colonisateur : l'administration française, directement liée au gouvernement de Vichy, collabora avec le Japon impérialiste par de multiples concessions économiques et militaires. En effet, la faiblesse de la situation des forces françaises en place et leur isolement face aux Japonais ne laissaient guère le choix : négocier, se démettre ou se lancer dans un affrontement qui ne laissait aucun doute quant à l'issue.

Cela contribua au développement du nationalisme vietnamien, qui luttait à cette époque contre les Japonais aux côtés des Alliés — Hô Chi Minh était alors un agent travaillant avec les États-Unis —, et à la déclaration d'indépendance de septembre 1945, après la Révolution d'août et la capitulation japonaise.

À l'époque de l’Armistice de 1940 et de la création du régime de Vichy, l’Indochine française était administrée par le général Georges Catroux (nommé en août 1939), qui tentait de régler les problèmes avec le Siam et le Japon. Mais ses choix déplurent au nouveau gouvernement — notamment les facilités accordées aux Japonais — et il fut remplacé par l'amiral Jean Decoux. Finalement, étant complètement coupé de la France, avec des forces militaires insuffisantes sur l'ensemble de la péninsule, le nouveau gouverneur général de l'Indochine finit par céder, lui-aussi, de plus en plus aux Japonais. Ainsi, les armées japonaises furent autorisées à circuler librement de la frontière de Chine jusqu’au Siam (renommé Thaïlande en 1939). Il est à noter que le général Catroux se joignit par la suite au général de Gaulle.

Le 9 mars 1945, l'administration vichyste, qui était toujours en place, et l'armée française d'Indochine furent attaquées par les Japonais. Les postes militaires français à travers toute l'Indochine (Viet Nam, Laos, Cambodge) furent touchés. Les troupes japonaises prirent par exemple les citadelles d'Hanoï et de Langson et en massacrèrent les Européens et les troupes annamites malgré les promesses faites en cas de reddition. Certaines unités réussirent à se dégager et à entreprendre un long voyage vers la Chine (la colonne Alessandri par exemple) ou à tenir la jungle (des hommes des Jedburghs, parachutés pour monter des maquis anti-japonais et entrainés par les Anglais en Inde et en Birmanie, certains de ces hommes reprirent plus tard les villes de Vientiane et Savanaketh au Laos). Le gouvernement américain interdit à ses troupes basées en Chine d'intervenir. Seul le général Claire Lee Chennault, dirigeant les fameux Tigres Volants, tentera, contre les ordres reçus, d'aider les troupes en retraite. Les civils français et les « Indochinois » sympathisants furent enfermés dans des camps de détention dirigés par la Kampetai (police ou gendarmerie militaire japonaise), torturés pour nombre d'entre eux, affamés et abandonnés. Les Japonais proclamèrent l'indépendance du Viêt Nam le 10 mars 1945, en maintenant l'autorité de l’empereur Bao Dai et en maintenant Pham Quynh à la tête du gouvernement, puis en le remplaçant quelques jours plus tard par Tran Trong Kim.

Par ailleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major allié (américain) en Asie avait décidé en 1942 de séparer l'Indochine en deux zones géographiques de combat, étant entendu que le Nord serait occupé par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-Chek et le Sud par les Britanniques. Cette séparation, approuvée ensuite par l'URSS, fut entérinée par les accords de Potsdam.

Retour des forces françaises

Le 24 mars 1945, le Gouvernement provisoire de la République française déclara vouloir créer une Fédération indochinoise au sein de l'Union française. Il envoya dès le début de 1945 trois émissaires (Pierre Messmer, Jean Sainteny et Paul Mus) en Indochine, encore sous le contrôle de l'administration pétainiste. Largués en parachute par les Britanniques de Colombo, seul Paul Mus réussit à s'échapper au Yunnan, les deux autres étant faits prisonniers par les Japonais.

Le 2 septembre 1945, le Japon capitule. La conférence de Potsdam a confié en Indochine le désarmement japonais à la Chine pour la partie Nord et à la Grande-Bretagne pour la partie Sud. La France doit agir vite pour réaffirmer sa présence. Le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, nomme l'amiral Thierry d'Argenlieu, Haut Commissaire de France et commandant en chef et le général Leclerc, commandant supérieur des troupes, avec pour mission de rétablir la souveraineté française sur l'Indochine libérée mais en faisant « du neuf », c'est-à-dire en construisant une Fédération indochinoise autonome au sein de la nouvelle Union française. La Marine est chargée de convoyer en Indochine les forces armées placées sous les ordres de général Leclerc.

Le 2 septembre 1945, à Hanoï, sur la place Ba Dinh, en une cérémonie au rituel confucéen avec tous les corps constitués, Hô Chi Minh lut la déclaration d'indépendance, dont le préambule est copié sur la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. L’empereur Bao Dai « choisit » de s'associer en tant que « conseiller spécial » du premier gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam, assurant ainsi la continuité du pouvoir vietnamien et la légitimité de ce gouvernement. Ce geste vaudra à Bao Dai d'être exilé à Hong Kong par les autorités françaises, avant que ces mêmes autorités ne le ramènent de cet exil, peu de temps après, pour lui confier, à Saïgon, la création de l'État du Viêt Nam « indépendant »…

Lors de la capitulation japonaise, il avait été prévu la séparation de l'Indochine française en deux zones de désarmement des troupes japonaises, par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-chek au nord et par les Britanniques au sud, la division indienne du général Gracey ayant débarqué à Saïgon en août 1945, avec un détachement français.

La reconquête française commença vers la fin de l'été 1945, qui fut marqué par une terrible famine. Traditionnellement, le riz du Sud venait faire la soudure entre deux récoltes au Nord. Les destructions et le pillage des Japonais d'une part, et la pénurie des moyens de transport d'autre part, n'ont pas permis de faire venir le riz en provenance du Sud en quantité suffisante.

Octobre 1945 : Leclerc et D'Argenlieu sont à Saïgon.

Quatre mois plus tard l'autorité française est rétablie au Cambodge, au Laos et dans la partie du Viêt Nam appelée Cochinchine du temps de l'ancien Empire colonial français. Pour établir les bases de la Fédération indochinoise voulue par la France, il reste principalement ce que les Français appelaient l'« Annam » et surtout le « Tonkin », où Hô Chi Minh a proclamé à Hanoï le 2 septembre la République démocratique du Viêt Nam. L'amiral Thierry d'Argenlieu a pesé lui-même chaque mot de la convention signée le 6 mars 1946, à sa demande, par Jean Sainteny avec Hô Chi Minh, en plein accord avec le général Leclerc (accords Hô-Sainteny).

Les troupes françaises débarquèrent au port de Haïphong et entrèrent dans Hanoï sous la conduite du général Leclerc sans tirer un seul coup de feu, grâce aux négociations avec Hô Chi Minh qui avait été préconisées par Leclerc, qui alla jusqu’à recommander à la France d'utiliser le mot "indépendance" (Doc Lap).

Après le bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par la Marine française, qui marque un revirement total de la politique menée jusqu'alors par le gouvernement français vis-à-vis de la République démocratique du Viêt Nam, il apparaît clairement qu'Hô Chi Minh ne jouera plus l'option de la Fédération indochinoise. Le 19 décembre 1946, l'insurrection de Hanoï marque le début de la guerre : le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam déclenche des hostilités dans tout le nord du Viêt Nam, et entre dans la clandestinité.

La guerre

: Viet Minh et Armée populaire vietnamienne.

La guérilla

Le 19 décembre 1946 marque le début de la guerre d'Indochine : après le bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par la Marine française, le Viet Minh, dirigé par Hô Chi Minh (président de la République démocratique du Viêt Nam, dont l'indépendance a été proclamée à Hanoi le 2 septembre 1945), décide de lancer une offensive ayant pour but la libération de la ville de Hanoï. À 20 heures, une explosion dans la centrale électrique de la ville annonce le début de l'insurrection. Des ressortissants français sont massacrés et des maisons pillées. Ho Chi Minh appelle tout le peuple vietnamien à se soulever contre la présence française :

« […] Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme. »

Hô Chi Minh chercha alors le soutien des États-Unis par un télégramme à Harry S. Truman, mais celui-ci tournait le dos à la politique de décolonisation de Roosevelt. L'Union soviétique ne disposait pas encore de l'arme nucléaire, et la Chine restait sous la férule de Tchang Kaï-chek. L’Indochine française de 1946 s'est néanmoins ainsi très vite retrouvée au sein des prémisses de ce qui allait devenir plus tard la guerre froide, et c’est dans ce cadre que les États-Unis ont été, d'une certaine façon, impliqués très tôt en Indochine.

Aguerrie dans la guerre du peuple, l’armée populaire vietnamienne se fondait sur la mobilité des dispersions d’évitement et concentrations de frappe pour compenser sa faiblesse matérielle. C’était « le combat du tigre et de l’éléphant » annoncé par Hô Chi Minh : le tigre tapi dans la jungle allait harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, se viderait de son sang et mourrait d’épuisement.

Cette fluidité permettait à la jeune armée populaire l’initiative du refus ou de l’acceptation des combats, de fixer ici et déplacer là les troupes françaises qui n’occupaient que les villes, les axes routiers, les voies d’eau et la ligne du chemin de fer trans-indochinois. Les pertes françaises devenaient de plus en plus grandes dans les attaques de convois de ravitaillement, de postes isolés et d’épuisantes patrouilles à la recherche d’un ennemi qui apparaissait et disparaissait comme des fantômes. Souvent, l’attaque d’un poste avait pour but la sortie d’une colonne de secours à détruire.

L’armée populaire vietnamienne était à la base constituée des troupes locales d’autodéfense des hameaux et villages. Ces troupes locales étaient à la fois l’académie militaire et l’école de guerre, dont les membres méritants rejoignaient les troupes régionales qui opéraient dans des districts plus vastes. Une concentration de troupes locales pouvait prêter main forte à un élément des troupes régionales, qui pouvaient également se disperser en troupes locales.

Le tournant de 1949

En 1949, la France, voulant créer un contrepoids politique à la République démocratique du Viêt Nam proclamée à Hanoï en 1945 et au Viêt Minh, crée à Saïgon un État du Viêt Nam « indépendant » sous la direction de l'empereur Bao Dai ramené à cet effet de son exil de Hong Kong, afin de tenter de transformer une guerre de reconquête coloniale en une guerre civile. L’empereur Bao Daia signé les accords franco-vietnamiens avec son nom civique « Vinh Thuy » n’engageant que lui-même en tant que citoyen, et non avec son nom dynastique « Bao Dai » qui pouvait engager tout le pays dont il était le souverain. Du point de vue strictement juridique, l’État du Viêt Nam « indépendant » n'a jamais existé, sinon pour la circonstance.

Lorsque le Parti communiste chinois de Mao Zedong prend le contrôle de la Chine continentale, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek se réfugiant à Taïwan, la Chine devient un allié de la République démocratique du Viêt Nam et du Viêt Minh, et lui envoie du matériel militaire pour lutter contre l'armée française. L’arrivée de Mao Zedong à Pekin fournit une « base arrière » au Viêt Nam, jusqu’alors isolé sur les plans diplomatique et militaire, et amplifie la menace communiste ressentie par les États-Unis. La France concède théoriquement à l'État du Viêt Nam une souveraineté en matière de diplomatie, et crée une « armée nationale » sous commandement français et agissant comme force supplétive des forces françaises d'Indochine.

Le conflit au Viêt Nam prend alors une telle ampleur, alors que la France accorde leur indépendance aux royaumes du Laos et du Cambodge, de la même façon qu'elle l'a accordé au Viêt Nam.

Avec l'expérience acquise au combat, l'armée populaire vietnamienne inflige une série de revers aux troupes françaises dans la haute région de Cao Bang et Lang Son (bataille de la RC 4). Le projet initial de « reconquête coloniale » s'est épuisé dans un interminable enlisement, a entraîné une grande lassitude dans l'armée française d'Indochine et dans le gouvernement français, ainsi qu'une opposition croissante de l'opinion publique française à une guerre dont les enjeux étaient de moins en moins clairs, dès lors que le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge étaient, au moins en théorie, devenus indépendants, et que la « reconquête coloniale » n'était donc plus à l'ordre du jour.

La « bataille des Routes Coloniales » sème la panique dans l’état-major français en Indochine et au sein du gouvernement français à Paris. Le général de Lattre de Tassigny est envoyé en Indochine pour redresser la situation mais doit immédiatement faire face à des offensives vietminh. Il parvient à vaincre trois fois ses ennemis, notamment à Vinh yen et Mao khé, écartant définitivement toute menace sur Hanoï, mais ne peut les anéantir. Ayant assuré la construction d'une ligne de défense, de Lattre commence à chasser les vietminh du delta du Fleuve Rouge et décida de lancer une contre-offensive qu'il pense pouvoir être décisive, mais malade, il doit repartir pour la France. Sous l'égide de son successeur Raoul Salan, cette offensive, concluante au début, s'épuise d'elle-même et doit être arrêtée sans résultat décisif. De plus, au même moment, de Lattre en France, qui doit défendre son projet d'envoyer des renforts en Extrême-Orient, voit sa santé se dégrader et meurt en janvier 1952.

Guerre contre le communisme

Avec la guerre de Corée qui a focalisé l’anti-communisme vers l’Extrême-Orient, la France tente alors de transformer une guerre de reconquête coloniale dont elle a elle-même reconnu l'échec en proclamant l'indépendance du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge, en croisade anticommuniste, cette fois-ci pour la « défense de l’Occident sur le Rhin et le Mékong ». Dès lors, la France fait en Indochine une guerre avec les dollars américains et le sang des troupes françaises et coloniales. Le président Harry Truman signe avec l'État du Viêt Nam des accords d’aide militaire, que la France se charge de mettre en œuvre. Ainsi, les États-Unis, pourtant profondément anti- colonialistes mais agissant maintenant dans le cadre de la guerre froide, mettent le doigt dans un engrenage qui s'avèrera fatal, et ont en particulier continué cette aide militaire après le départ des Français de l’Indochine en 1955. Avec l’afflux de matériels militaires des deux côtés, les combats se sont évidemment intensifiés.

Avec l'argent et le matériel américains et le sang des légionnaires et des troupes d'Afrique, la France continue à mener une guerre s'inscrivant maintenant dans le cadre de la guerre froide, dans une suite de « scandales » et d'« affaires », comme l'affaire des piastres.

« En revanche, l’économie française tirait profit indirectement de la guerre. Grâce aux apports en devises américaines, non seulement elle n’était plus obérée par les charges militaires, mais encore elle pouvait poursuivre son effort d’investissement et ses achats à l’étranger. La plus grande partie des dollars donnés pour l’Indochine était affectée à l’équilibre des comptes. C’est ce qui faisait dire à un expert qu’on "avait transformé l’armée en une industrie d’expansion”. C’est une des raisons pour laquelle le gouvernement français s’opposait fermement à ce que l’aide financière américaine fût versée directement aux États associés, comme les Américains le souhaitaient…"»

— Yves Gras, Histoire de la guerre d’Indochine p. 489, Plon, Paris, 1979

En 1952, l’armée populaire vietnamienne lance des attaques contre les fortins de la « Ligne de Lattre » derrière laquelle se sont retranchées les troupes françaises. Tout en continuant les coups de main et les embuscades, l’armée populaire se retire pour se préparer à des opérations sur une plus grande échelle. Le général Dwight Eisenhower devient président des États-Unis en 1953; il est le premier à avancer la « théorie des dominos », et continue à soutenir la défense de l'Indochine contre le communisme.

De son côté, la menace sur les centres importants étant écartée, le général Salan entreprend de prendre l'initiative. Il lance une série d'offensives, et ne connait guère de défaites tactiques, mais le CEF doit systématiquement se replier faute de moyens et d'avoir pu porter un coup décisif.

Le général Navarre rapporte au gouvernement français qu’il n’y a pas de possibilité d’une victoire militaire étant donnée la faiblesse des moyens du CEF, mais promet une grande offensive avec l’opération « Castor », qui consiste à occuper l’ancienne piste d’aviation japonaise de Dien Bien Phu pour verrouiller le passage au Laos de l’armée populaire, opération militaire qui avait pour but politique de permettre à la France de négocier à Genève la fin de la guerre en position de force. En dépit de l'héroïsme dont fait preuve le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (et l’Armée nationale vietnamienne), la bataille de Dien Bien Phu est perdue en 57 jours. Les combats continuent avec intensité pendant trois mois. Le nouveau gouvernement, dirigé par Mendès France promet alors de conclure les accords de Genève au plus tard au mois de juillet 1954, ce qui advient le 22 juillet 1954.

Le général Gras conclut au sujet de Dien Bien Phu :

« il n'y a pas de places fortes imprenables lorsqu'on renonce à les secourir. Le camp retranché a fini par tomber, comme sont tombées, au cours de l'histoire, toutes les forteresses assiégées abandonnées à leur sort »

— Général Yves Gras, Histoire de la guerre d'Indochine, Éditions Denoël, 1992, p. 561.

La guerre vue de la métropole française

Manifestations et blocage de trains de munitions en partance pour l'Indochine par des communistes, sabotage de munitions et propagande pacifiste.

Affaire des Généraux (rapport Revers) de 1949–1950

« La sale guerre »

Affaire Henri Martin (Sartre) de 1950–1953

La chanson « Quand un soldat » de Francis Lemarque est censurée en 1953.

Le manque d'enthousiasme pour cette guerre était évident. L'opinion publique acceptait mal son coût en argent et en hommes pour une terre aussi lointaine au moment où le rationnement était encore de rigueur (du moins avant 1949) en métropole.

Ceci eut des conséquences importantes:

la population ne se mobilisa pas pour la guerre ;

les volontaires étaient relativement peu nombreux ;

l'état-major et le gouvernement ne purent jamais engager

le contingent comme ils le firent plus tard en Algérie.

Ceci fut un facteur décisif dans la décision de l'état-major de créer une armée vietnamienne et celle du gouvernement d'entamer des négociations.

La sortie de guerre

Les accords de Genève reconnaissent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam en deux zones de regroupement militaire (l'Armée populaire vietnamienne au Nord du 17e parallèle, et le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient au Sud de cette zone de démarcation militaire), pour une évacuation totale et complète de toute l'Indochine en 1955. La souveraineté de la République démocratique du Viêt Nam était reconnue par ces accords au nord du 17e parallèle, celle de l'État du Viêt Nam au sud de ce parallèle, et la réunification entre les deux zones était envisagée pour 1956, après référendum. Une Commission Internationale de Contrôle (CIC) avait été créée pour surveiller l'application des accords d'armistice. La CIC (Commission internationale de contrôle) était constituée par le Canada, la Pologne et l'Inde.

Les accords de Genève prévoyaient des élections en 1956, afin de former un gouvernement unifié pour tout le Viêt Nam. Toutefois, en parallèle de la conférence de Genève en juin 1954, l’empereur Bao Dai, chef de l'État du Viêt Nam a rappelé des États-Unis Ngô Dinh Diêm pour en faire son Premier ministre. À la suite des accords de Genève, dont l'État du Viêt Nam et les États-Unis n'avaient pas signé la déclaration finale, et ainsi libéré des obligations de respecter ces accords, Ngô Dinh Diêm organisa avec l'aval des États-Unis un référendum manifestement truqué, avec plus de voix favorables que d’électeurs, et créa la République du Viêt Nam le 26 octobre 1955, avec lui comme chef d’État. C'est contre cette dictature du régime de Diêm que s'est formé le Front national pour la libération du Sud Viêt Nam (dit également Viêt Cong) en 1956. Des éléments du Viêt Minh résidents au Sud ont alors repris le combat contre ce gouvernement, menant alors à la deuxième guerre d'Indochine de réunification, plus communément appelée guerre du Viêt Nam.

Otages du Vi?t Minh et camps de rééducation

Durant le conflit, le Vi?t Minh effectue de nombreuses prises d'otage, incluant des civils, et fait un certain nombre de prisonniers militaires français, dont beaucoup passent dans des camps d'internement, situés dans les régions sous contrôle indépendantiste. Il semble que jusqu'en 1949 environ la grande majorité des prisonniers ait été tuée. Ensuite, le Vi?t Minh saisit l'opportunité de conserver des captifs dans des camps en Haute région. Selon les sources militaires, le nombre de captifs varie, à l'été 1954, entre 22 474 et 21 526. 40% ne reviendront jamais : les enquêtes n'ont permis d'identifier avec certitude que 3768 décès au plus, le sort des autres prisonniers restant un mystère. Certains otages, comme l'administrateur colonial René Moreau, capturé en 1946, sont gardés prisonniers durant huit ans. Les prisonniers du Corps expéditionnaire sont soumis à une tentative de « rééducation » par des commissaires politiques, qui tentent de leur inculquer le marxisme. Certains communistes étrangers, dont des Français, prêtent main-forte au Vi?t Minh dans cette entreprise. Dans certains camps, de juillet à août 1954, le taux de décès atteint les 50 %.

Le sort des prisonniers dans les camps de rééducation a longtemps été méconnu du grand public : l'affaire Georges Boudarel a contribué à la rappeler à l'opinion dans les années 1990.

Une Association nationale des anciens prisonniers internés déportés d'Indochine (ANAPI) a été créée.

Opération « Passage to Freedom » (août 1954-mai 1955)

Suite aux persécutions des Vietnamiens catholiques et loyalistes par le Viet Minh s'ensuivit la plus importante opération d'évacuation de l'Histoire.

Aide américaine

En septembre 1950, les États-Unis créent le Military Assistance Advisory Group (MAAG) pour regrouper les demandes d'aide française, conseiller en stratégie et entraîner les soldats vietnamiens L'aide américaine s'accroit au fil des années, tant en en proportion des dépenses totales qu'en valeur absolue. Pour l'année fiscale américaine 1951–1952, le financement américain se monte à 330 millions de USD, soit 20% du coût de la guerre, en 1953–1954, ce chiffre est monté à 785M de USD soit 41% de l'effort de guerre. En tout, entre 1951 et 1954, les États-unis déboursent 1,525 milliard de dollars.

Il y a également des discussions entre les français et les américains sur la possibilité d'utilisation de trois armes nucléaire tactiques, bien que les rapports sur le niveau de probabilité et sur proposition de qui soient vagues et contradictoires, Une des versions du plan proposé Opération Vulture prévoyait d'envoyer 60 B-29, B-36 et B-47 depuis des bases américaines, appuyés par 150 chasseurs lancés depuis des porte-avions de la septième flotte pour bombarder les positions du commandant Viet Minh Vo Nguyen Giap, avec l'option d'utiliser jusqu'à trois armes atomiques. L'amiral Arthur W. Radford, chef d'état-major des armées des États-Unis donne son accord à l'option nucléaire.

Forces françaises en Indochine

Le CEFEO (Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) a été constitué d'unités provenant de l'ensemble de l'Union française, aidé par les forces des états associés d'Indochine. Il passa de 80 000 hommes plus 35 000 Indochinois entre 1946 et 1949 à environ 180 000 hommes dont 50 000 indochinois en 1954 (environ 35 000 Africains du Nord et 19 000 Africains servirent dans ce conflit).

L'Indochine française (Ðông Duong thu?c Pháp en vietnamien) est une ancienne colonie française, création de l'administration coloniale, regroupant plusieurs territoires aux statuts officiels différents :

les protectorats de Tonkin et d'Annam et la colonie de Cochinchine, regroupés à partir de 1949 au sein de l'État du Viêt Nam (territoire identique à celui de l'actuelle République socialiste du Viêt Nam)

le Protectorat du Laos ;

le Protectorat du Cambodge;

et Kouang-Tchéou-Wan.

On l'appelle souvent simplement « Indochine », ce qui crée une confusion avec la notion géographique d'Indochine – ou péninsule indochinoise – qui désigne les pays situés entre l'Inde et la Chine, soit les pays sus-cités ainsi que la Birmanie, la Thaïlande et une partie de la Malaisie.

L'Union indochinoise est créée par l'union de différents territoires d'Asie du Sud-Est colonisés ou passés sous protectorat français au cours du XIXe siècle. Au XXe siècle, les différents mouvements indépendantistes vietnamiens gagnent en puissance : au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'affaiblissement de la métropole et l'occupation de l'Indochine par l'Empire du Japon, qui détruit l'administration coloniale française en 1945. Le vide du pouvoir à la fin de la guerre permet au Vi?t Minh, mouvement indépendantiste vietnamien animé par le Parti communiste indochinois, de s'emparer du nord du pays. Les tentatives de conciliation et de réforme du statut de l'Indochine échouent et aboutissent en 1946 à la guerre d'Indochine. Devant l'impasse politique et militaire, la France doit se résoudre à abandonner l'Indochine, dont les composantes vietnamienne, laotienne et cambodgienne voient leurs indépendances reconnues par les accords de Genève, qui officialisent également la partition du Viêt Nam.

Statuts La création de l'Indochine française, plus précisément Union indochinoise, résulte du décret du 17 octobre 1887, créant le « gouverneur général civil de l'Indo-Chine » et confiant à celui-ci « l'administration supérieure de la colonie de la Cochinchine et des protectorats du Tonkin, de l'Annam et du Cambodge ».

À l'intérieur de cette entité, le Laos (régime mixte) et le Cambodge (protectorat, monarchie sous tutelle française) gardent leur nom, mais le Viêt Nam n'existait pas en tant que tel. Trois États occupaient son territoire :

le Tonkin (du vietnamien Ðông Kinh, « capitale de l'Est »), régime mixte ;

l'Annam (« Sud tranquille », l'un des noms du Viêt Nam sous occupation chinoise), protectorat (monarchie sous tutelle française) ;

la Cochinchine (contrée nommée ainsi parce que située sur la route maritime entre Cochin sur la côte orientale de l'Inde, et la Chine), colonie.

Population

Dans cette entité, les peuples Viêt, Khmer et Lao sont majoritaires. Les minorités (Muong, Tay, Cham, Rhade, Jarai, etc.) sont principalement présentes dans les zones montagneuses. Les Chinois, bien présents dans les villes, sont des commerçants très actifs. L'ensemble compte environ 12 millions d'habitants à la fin du XIXe siècle, puis 16,4 millions en 1913. Plus de 95% de la population est rurale, ce qui rend les décomptes et recensements difficiles.

La religion dominante est le bouddhisme, fortement influencé par le confucianisme chinois. Pendant la période coloniale, les missions catholiques, très actives, ont obtenu de nombreuses conversions surtout au Tonkin, touchant environ 10% de la population indigène. Dans la première moitié du XXe siècle sont apparues de nouvelles religions comme le Caodaïsme, syncrétismes de croyances occidentales et asiatiques.

La population coloniale française, en 1940 (présence maximale), n'est que de 34 000 individus civils (Dont les Européens: surtout des Britanniques, et des Italiens, et des Américains blancs, considérés comme Européens, et autant de militaires par la suite). Contrairement à l'Algérie française (1 million d'Européens contre 9 millions d'Algériens en 1954), l'Indochine française ne fut une colonie de peuplement qu'au début de la colonisation française, mais elle se transformera vite en une colonie d'exploitation économique en raison de la présence de plusieurs ressources naturelles qui allaient enrichir la France durant les années de sa domination sur le Laos, le Cambodge, le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine.

Économie

Introduction

L'Indochine était une colonie d'exploitation. Le général Pasquier a affirmé ainsi : « Il faut que les profits de l'Indochine reviennent aux Français ». On y prélève des impôts (impôt foncier, capitation, taxes locales), mais surtout, l'administration française a le monopole des commerces de l'opium, du sel et de l'alcool de riz. Ce monopole compte pour 44% dans les rentrées du budget en 1920, et 20% en 1930. Du côté financier, la banque de l'Indochine, fondée en 1875, banque privée française, domine l'ensemble de l'économie vietnamienne. Elle dispose du monopole de la frappe de la piastre indochinoise. L'Indochine est, après l'Algérie, la colonie qui reçoit le plus d'investissements français (6,7 milliards de francs-or en 1940). Au cours des années 1930, les Français exploitaient différentes ressources naturelles dans les pays formant l'Indochine française. Par exemple, on trouvait au Cambodge du riz et du poivre. Le Viêt Nam (qui était formé de la Cochinchine, de l'Annam et du Tonkin), quant à lui, permettait aux Français de mettre la main sur du thé, du riz, du charbon, du café, du poivre, de l'hévéa, du zinc et de l'étain. Le Laos était le seul pays de l'Indochine à n'avoir aucun potentiel économique aux yeux de la France.

Marché du caoutchouc

Au début du XXe siècle, les besoins de l'industrie automobile favorisent l'essor du caoutchouc indochinois. Une activité qui bénéficie de l'afflux de capitaux attirés par l'annonce de fabuleux bénéfices. Dans l'histoire de la présence française en Indochine, l'exploitation de l'hévéa, le « bois qui pleure », occupe une place particulière. En effet, le caoutchouc fait figure de symbole de la réussite coloniale, puisqu'il garantira une source de revenu pour la France. L'importance des superficies plantées, l'envol des exportations, les progrès de la recherche agronomique, les dividendes rapportés témoignent des succès obtenus par la culture de l'hévéa dans la péninsule indochinoise. Cette entreprise est vécue, au moins dans les premiers temps, comme une véritable aventure par les planteurs, fiers de voir reculer une nature jugée hostile au profit d'une culture bien ordonnée et servant le progrès industriel. Toutefois, il est aussi important de savoir que le caoutchouc est aussi le symbole du rejet de la domination française, exprimé par les ouvriers des plantations dans les années 1930.

Les premières grandes plantations apparaissent au début du XXe siècle. Les troncs droits à l'écorce grise s'élancent le long de lignes monotones dans les terres méridionales de la péninsule, d'abord dans les « terres grises » situées à proximité des grands centres habités, puis dans les « terres rouges », plus riches mais aussi plus lointaines, moins peuplées, exigeant plus de travail, plus de capitaux et posant le problème du recrutement de la main-d'œuvre. L'armée des saigneurs s'avance à l'aube, incise l'écorce et recueille la sève de plusieurs centaines d'arbres. Le latex ainsi ramassé est apporté à l'usine, installé au cœur de la plantation, où il est mêlé à de l'acide. La coagulation effectuée, la précieuse substance est passée dans les laminoirs puis séchée et emballée. Ce sont les besoins croissants en caoutchouc des fabricants de bicyclettes puis de l'industrie automobile, mais surtout, l'annonce des 100 000 francs de bénéfices que réalisa en 1906 Belland, le commissaire central de la Sûreté de Saïgon, lequel avait fait planter des hévéas dès 1898, qui fit naître des vocations. D'importantes sociétés voient alors le jour, telle la Société des plantations des terres rouges ou la Société des plantations d'hévéas. Toutefois, une société de l'envergure de Michelin n'investit qu'en 1925 en Indochine.