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sous la responsabilité du
Dicastère pour la Communication
Editado por el
Dicasterio para la Comunicación
Pape François
Pourquoi êtes-vous si craintifs ?
N’avez-vous pas encore la foi ?
Le monde face à la pandémie
Papa Francisco
¿Por qué tenéis miedo?
¿Aún no tenéis fe?
El Papa ante la pandemia
Para que puedas contar y grabar en la memoria (Ex 10,2)
Un moment extraordinaire de prière
en temps d’épidémie
Présidé par le Pape François
Parvis de la basilique Saint-Pierre
Vendredi 27 mars 2020, 18 heures
Momento extraordinario de oración
en tiempos de pandemia
presidido por el Santo Padre Francisco
Atrio de la Basílica de San Pedro
Viernes 27 de marzo de 2020, 18.00 h
Ce jour-là, le soir venu,
Jésus dit à ses disciples :
« Passons sur l’autre rive ».
Quittant la foule,
ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque,
et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête.
Les vagues se jetaient sur la barque,
si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière.
Les disciples le réveillent et lui disent :
« Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? ».
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer :
« Silence, tais-toi ! ».
Le vent tomba, et il se  t un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? ».
Saisis d’une grande crainte,
ils se disaient entre eux :
« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? ».
(Mc 4, 35-41)
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Al atardecer de ese mismo día,
Jesús dijo a sus discípulos:
«Crucemos a la otra orilla».
Ellos, dejando a la multitud,
lo llevaron a la barca, así como estaba.
Había otras barcas junto a la suya.
Entonces se desató un fuerte vendaval,
y las olas entraban en la barca,
que se iba llenando de agua.
Jesús estaba en la popa, durmiendo sobre el cabezal.
Lo despertaron y le dijeron:
«¡Maestro! ¿No te importa que nos ahoguemos?».
Despertándose, él increpó al viento y dijo al mar:
«¡Silencio! ¡Cállate!».
El viento se aplacó y sobrevino una gran calma.
Después les dijo: «¿Por qué tienen miedo? ¿Cómo no tienen fe?».
Entonces quedaron atemorizados
y se decían unos a otros:
«¿Quién es este, que hasta el viento y el mar le obedecen?».
(Mc 4,35-41)
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« Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres
couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées
de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un
vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans
l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent ».
«Desde hace algunas semanas parece que todo se ha oscurecido.
Densas tinieblas han cubierto nuestras plazas, calles y ciudades;
se fueron adueñando de nuestras vidas llenando todo de un silencio
que ensordece y un vacío desolador que paraliza todo a su paso: se
palpita en el aire, se siente en los gestos, lo dicen las miradas».
«Rien au monde n’est plus fort que le juste qui prie. L’homme qui prie a la main sur le gou-
vernail du monde». La personne qui a écrit cela est Saint Jean Chrysostome, évêque et docteur de
l’Église entre le IVe et le Vesiècle. À cette époque, troublée et di cile à bien des égards, le grand
pasteur enseignait que le véritable moteur de la vie du monde est le cœur qui prie: le gouvernail
de l’histoire est entre les mains de ceux qui savent tourner leur regard vers le Seigneur, avec une foi
profonde et une grande humilité.
Quel moment, dans la succession des événements mondiaux, peut être dé ni comme facile?
Peut-être aucun. Certainement pas dans les premiers mois de 2020, quand une pandémie impré-
visible a frappé presque toute l’humanité. En ces jours-là, précisément en  n d’après-midi du ven-
dredi 27mars, le Pape François a répété, en paroles et en gestes, la conviction profonde de l’ancien
évêque et médecin: «L’homme qui prie a la main sur le gouvernail du monde».
C’est pourquoi il a convoqué l’Église et, dans un certain sens, le monde entier, leur demandant
de lever les yeux, tous ensemble, sur le Seigneur du temps et de l’histoire. Tout d’abord, considérer
du haut de sa parole les chemins mystérieux de l’existence, en y trouvant un sens et une grâce cachés.
Puis, implorer aide et miséricorde au moment d’une grande a iction humaine, matérielle et spiri-
tuelle. En n, bénir le chemin de toute l’humanité, inspiré par la logique de la civilisation de l’amour.
«L’homme qui prie a les mains sur le gouvernail de l’histoire». Nous l’avons tous appris à
nouveau en regardant le Saint-Père monter les grandes marches de la place Saint-Pierre, mouillé
par la pluie, comme un homme qui prie et qui monte vers Dieu pour se tenir devant Lui avec
con ance, comme le guide d’un grand peuple et un intercesseur  dèle. Nous l’avons appris de
nouveau en écoutant la parole de Vérité et de Vie de l’Évangile, et dans le silence avec lequel cette
Parole est devenue Lumière dans nos nombreuses obscurités. Nous l’avons réappris en regardant
avec émotion le miraculeux Cruci x de San Marcello al Corso et l’icône de la Vierge Salus Populi
Romani: images éloquentes et évocatrices d’un salut qui nous a été donné par Celui qui est mort et
ressuscité pour nous et d’un soin maternel qui se penche avec douceur sur toute douleur humaine.
En n, nous l’avons appris dans l’adoration eucharistique et dans la grande bénédiction Urbi et
Orbi, lorsque le Sauveur du monde a tendu la main à toute l’humanité avec une caresse d’amour,
capable de racheter, de consoler et de donner l’espoir.
Les mains sur le gouvernail de l’histoire
Préface
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«Nada en el mundo es más fuerte que el justo que reza. El hombre que reza tiene sus manos
en el timón de la historia».
Quien escribe esto es san Juan Crisóstomo, obispo y doctor de la Iglesia entre los siglos IV y
V. En aquella época, turbulenta y difícil desde muchos puntos de vista, el gran pastor enseñaba
que el verdadero motor en la vida del mundo es el corazón orante: el timón de la historia está en
las manos de quien sabe dirigir su mirada al Señor con profunda fe y gran humildad.
¿Acaso, en el desarrollo de los acontecimientos del mundo, hay un momento que podamos
de nir como fácil? Quizás ninguno. Ciertamente no los primeros meses de 2020, cuando una
pandemia impredecible golpeó a casi toda la humanidad. En esos días, precisamente la tarde
del viernes 27 de marzo, el Santo Padre Francisco repitió, con palabras y gestos, la arraigada
convicción del antiguo obispo y médico: «El hombre que reza tiene sus manos en el timón de la
historia».
Por eso convocó a la Iglesia y, en cierto modo, al mundo entero, pidiendo que levantáramos
los ojos, todos juntos, al Señor del tiempo y de la historia. En primer lugar, para considerar desde
lo alto de Su palabra los misteriosos caminos de la existencia, encontrando en ella un signi cado
y una gracia escondida. Luego, para implorar ayuda y misericordia en un momento de gran a ic-
ción humana, material y espiritual. Finalmente, para bendecir el camino de toda la humanidad,
inspirado en la lógica de la civilización del amor.
«El hombre que reza tiene sus manos en el timón de la historia». Todos lo comprendimos
de nuevo al ver al Santo Padre subir la gran escalinata de la Plaza de San Pedro, mojado por la
lluvia, como un hombre orante que sube hacia Dios para ponerse ante Él con con anza, como
guía de un gran pueblo e intercesor  el. También lo comprendimos de nuevo en la escucha de
la Palabra de Verdad y Vida del Evangelio, y en el silencio con el que esa Palabra se convirtió
en Luz en nuestras muchas oscuridades. Lo comprendimos una vez más mirando con emoción
el Cruci jo milagroso de san Marcello al Corso y el icono de la Virgen Salus Populi Romani:
imágenes elocuentes y sugestivas de una salvación que nos ha sido dada por Aquel que murió
y resucitó por nosotros y de una custodia materna que se inclina con dulzura sobre todo dolor
humano.
Las manos en el timón de la historia
Prefacio
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La place Saint-Pierre, en cette  n d’après-midi, était vide, déserte. Incroyablement désertée. Et
silencieuse comme jamais auparavant. Et pourtant, justement là, le monde entier s›est rassemblé,
convoqué par un homme vêtu de blanc qui, une fois de plus, à tous sans exception, a répété avec
des mots forts et persuasifs, avec l›humble pouvoir des images: «L’homme qui prie a les mains
sur le gouvernail de l’histoire».
Et il l’a réa rmé aussi en quittant le lieu du grand rassemblement de prière, en silence et seul.
Presque comme pour se dire à lui-même et à tous, comme le psalmiste: «Je lève les yeux vers
les montagnes: d’où me viendra le secours? Mon secours vient du Seigneur: il a fait le ciel et la
terre» (Ps 121, 1).
Mgr. Guido Marini
Maître des Célébrations Liturgiques Ponti cales
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Finalmente, lo comprendimos en la adoración eucarística y en la gran bendición Urbi et Orbi,
cuando el Salvador del mundo alcanzó a toda la humanidad con una caricia de amor, capaz de
redimir, consolar y dar esperanza.
Aquella tarde, la Plaza de San Pedro estaba vacía, desierta. Increíblemente desierta. Y silenciosa
como nunca. Y sin embargo, precisamente allí mismo, el mundo entero se reunió, convocado por un
hombre vestido de blanco que, una vez más y a todos sin excepción, repitió con una palabra fuerte y
persuasiva, con el humilde poder de las imágenes: «El hombre que reza tiene sus manos en el timón
de la historia».
Y también lo rea rmó al dejar el lugar de la gran reunión rezando, en silencio y a solas. Casi como
si se dijera a sí mismo y a todos, con el salmista: «Alzo mis ojos a los montes: ¿de dónde vendrá mi
auxilio? Mi auxilio, del Señor, que hizo cielos y tierra» (Sal 121,1).
Mons. Guido Marini
Maestro de las Celebraciones Litúrgicas Ponti cias
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Partie I
La Statio Orbis
Parte I
La Statio Orbis
Introduction
Partie I
Que s’est-il passé le 27mars sur la place Saint-Pierre? Une chose simple et grande s’est produite.
Un moment de prière extraordinaire a uni le monde. Les images étaient puissantes, dramatiques.
Beaucoup se sont interrogés sur ce qu’ils ont vu. Mais l’important était invisible pour les yeux.
Beaucoup ont cherché une réponse sous une forme qu’ils n’ont  nalement pas trouvée. En fait,
nous ne comprendrons jamais la puissance de ce moment en utilisant les outils d’analyse tradition-
nels. Ce serait comme chercher à comprendre un poème avec les règles de la métrique.
Nous vivons à une époque qui risque de nous aveugler. Un temps de regards courts et myopes,
incapables de voir la substance des choses: la douleur trans gurée du monde, la redécouverte de
sa propre fragilité, la nécessité de regarder au-delà, et de se tourner vers Dieu.
Il n’y a pas de réponses aux questions mal posées. C’est pourquoi il est nécessaire de recentrer
la question. D’où vient le besoin de prier? Où est l’extraordinaire du 27mars? Dans la liturgie?
Dans sa couverture télévisée? Ou dans la vérité qu’elle représentait?
Pendant des semaines, il semblait qu’une nuit était tombée sans perspective d’aube. Pendant
des semaines, le monde a regardé Rome, le Pape, pour trouver dans ses paroles une réponse qui
ne soit pas seulement le décompte des victimes. Pendant des semaines, François avait ouvert les
portes de la petite chapelle de Sainte-Marthe au monde entier, a n qu’ils puissent prier avec lui
pendant la messe, et écouter son commentaire des lectures. Depuis des semaines, il ré échissait
également à la manière d’accompagner cette traversée du désert par des actes symboliques capables
de l’illuminer: le pèlerinage solitaire dans la Via del Corso, pour visiter le Cruci x miraculeux;
la prière à la Salus Populi Romani; la récitation du Notre Père par tous les chrétiens le jour où de
nombreuses Églises rappellent l’annonce à la Vierge Marie de l’Incarnation du Verbe. C’est ainsi
que l’idée d’un moment de prière extraordinaire a pris forme.
Le premier à en parler publiquement a été l’aumônier de la prison Due Palazzi de Padoue, Don
Marco Pozza, dans un programme télévisé organisé par la Conférence épiscopale italienne sur Rai
1, la chaîne de télévision italienne la plus populaire.
Il l’a fait de cette façon: «Je suis le dernier prêtre de la planète. Je vis dans une prison avec des
gens qui ont échoué dans la vie. Je demande au Pape François de faire un geste fort. Une Statio
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Introducción
Parte I
¿Qué sucedió el 27 de marzo en la Plaza de San Pedro? Sucedió algo simple y grande. Un
momento extraordinario de oración unió al mundo. Las imágenes eran impactantes, dramáticas.
Muchos se preguntaron sobre lo que vieron. Pero lo importante era invisible a los ojos.
Muchos buscaron en la forma una respuesta que al  nal no encontraron. De hecho, nunca en-
tenderemos la fuerza de ese momento usando las herramientas tradicionales de análisis. Sería como
pensar que podemos entender un poema con las reglas de la métrica.
Vivimos en una época que corre el riesgo de cegarnos. Un tiempo de miradas breves, miopes,
incapaces de ver la sustancia de las cosas: el dolor trans gurado del mundo, el redescubrimiento de
la propia fragilidad, la necesidad de mirar más allá y de dirigirse a Dios.
No hay respuestas para las preguntas mal planteadas. Por eso es necesario cambiar el foco de la
cuestión. ¿De dónde viene la necesidad de rezar? ¿Dónde está lo extraordinario del 27 de marzo?
¿En la liturgia? ¿En sus imágenes televisivas? O en la verdad que ha representado.
Desde hacía semanas parecía que había caído una noche sin perspectivas de amanecer. Desde
hacía semanas el mundo miraba hacia Roma, al Papa, para encontrar en sus palabras una respuesta
que no fuera solo el recuento de las víctimas. Desde hacía semanas el Papa Francisco había abierto
las puertas de la pequeña capilla de Santa Marta al mundo entero, para que rezara con él durante
la misa, y escuchara su comentario sobre las lecturas. Desde hacía semanas se preguntaba cómo
acompañar esta travesía del desierto con actos simbólicos capaces de iluminarla: la peregrina-
ción solitaria por la Vía del Corso, para visitar el milagroso Cruci jo; la oración a la Salus Popoli
Romani; el rezo del padrenuestro por parte de todos los cristianos el día en que muchas Iglesias
recuerdan el anuncio a la Virgen María de la Encarnación del Verbo. Así tomó forma la idea de un
extraordinario momento de oración.
El capellán de la prisión Due Palazzi de Padua, don Marco Pozza, fue el primero en hablar pú-
blicamente de ello en un programa de televisión transmitido en colaboración con la Conferencia
Episcopal Italiana en Rai1, el canal de televisión italiano más seguido.
Y lo hace así: «Soy el último sacerdote del planeta. Vivo dentro de una prisión con personas que
han fracasado en la vida. Le pido al Papa Francisco que haga un gesto fuerte... Una Statio Orbis,
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Orbis, ce qui est parfois fait. Je lui demande de choisir le jour, l’heure, la modalité. Peut-être qu’il
se mette tout seul sur la place Saint-Pierre, ou à l’intérieur de la basilique... et demande à Dieu
une prière de libération, une messe, quelque chose. Je te demande, Pape François, de faire un geste
planétaire. Demande à l’Église de s’arrêter, demande au monde entier de se tenir à tes côtés. Tu as
le pouvoir de la parole, tu as le pouvoir du symbole. Fais-nous comprendre que le Christ est là en
ce moment, qu’il nous dit quelque chose. Tu es un pont pour nous... Ne nous laisse pas seuls».
1
Le même jour, sur son blog, don Marco a écrit: «La nuit dernière, Pape François, j’ai rêvé de
toi: c’était une évidence manifeste. Et, près de toi, la lampe de Marie brillait. Je t’ai vu sortir de
la Maison Sainte-Marthe à pas doux. Tu as répété «Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum» avec
ton inimitable accent argentin. Dès que tu es arrivé devant, tu as ouvert les portes toutes grandes:
elles étaient toutes blindées. Tu es sorti sur la place Saint-Pierre, tout en passant sous cet obélisque
qui ressemble depuis toujours pour moi à un index pointé vers le haut. La place était vide, déserte,
inhabituellement en état de siège. Et là, en plein centre, tu t’es agenouillé sur le sol. Tu es resté
là longtemps, en silence, les mains jointes, avec ce trait mystique que je trouve en toi quand tu
pries. Tu étais là, tandis que le monde entier - à l’intérieur des maisons - te suivait. Des millions de
caméras de télévision étaient braquées sur ton visage, le visage de Pierre, et les journalistes étaient
silencieux, étonnés et muets. Le monde, sachant que tu étais sur la place, s’est arrêté pour te re-
garder. Et, en te regardant, il Le regardait. Toi, là, à genoux, tu as fait o ce de pont: on t’appelle
Pontife, ce n’est pas un hasard. Pontifex maximus: beaucoup plus, donc, que le pont de Brooklyn
ou celui qui sera construit à Gênes. Tu es le pont de Dieu. Et de là, pendant que tu priais, j’ai vu
Marie qui tenait sa main sur ta tête. C’est le geste que de nombreuses grands-mères du nord de
l’Italie font à leurs petits-enfants avant de quitter la maison: «Que la Vierge tienne sa main sur ta
tête» disent-elles. Comme pour dire: «Va et reviens, je t’attends! Dieu, là-haut, ne vous a jamais
semblé aussi proche. Te souviens-tu quand, dans un moment sombre, tu m’as parlé de cette page
du Deutéronome que tu aimes tant: «Quelle est en e et la grande nation dont les dieux soient aussi
proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons?» (Deut. 4, 7).
Moïse, dans la lecture de ce jour, a frappé sur le rocher, et de l’eau a jailli qui a dissipé tout doute...
Ici nous sommes en guerre. Nous serons sauvés par le contact direct avec Dieu, et non plus par le
streaming. Ce n’est plus su sant: nous avons besoin de vous, avec votre équipement de Pontife
et de pompier... Ce n’est bien sûr pas à moi de te suggérer quoi faire: l’inspiration est garantie par
Dieu. Un Dieu qui, plus d’une fois, con e ses lettres à la  ne voix des rêves. À ceux qui disent:
«Où est le Pape?», répond par ta présence: tu es le «pont» entre le ciel et la terre, une terre qui
languit – et c’est le monde évolué qui languit - tandis que toi, qui es venu du Sud du monde, tu
nous montres que cette épreuve marque sur notre chair ce que signi e la douleur des peuples qui
sou rent depuis des siècles. Cette terre malade doit lever les yeux au ciel et croire qu’elle n’a besoin
que de Dieu, et se convertir à Dieu! Une Statio Orbis, Pape François, rien de moins. Une Statio
Orbis planétaire. Toi, seul, sur la place Saint-Pierre, alors que le monde entier est désert et que les
que a veces se hace. Le pido que elija el día, la hora, el modo. Incluso solo en la Plaza de San Pedro,
o dentro de la Basílica... y le ruega a Dios, una oración de liberación, una misa, algo... Te lo pido
Papa Francisco, haz un gesto planetario. Dile a la Iglesia que se pare, al mundo entero que se ponga
a tu lado... Tienes el poder de la palabra, tienes el poder del símbolo. Haznos comprender que en
este momento Cristo está ahí y nos está diciendo algo. Eres el puente para nosotros... No nos dejes
solos».
1
El mismo día, en su blog, don Marco había escrito: «Esta noche, Papa (‘) Francisco te he
soñado, eras de una evidencia mani esta. Y a tu lado, la lámpara de María brillaba. Te he visto
salir, con pasos afelpados, de la Casa de Santa Marta. Ave Maria, gratia plena, Dominus tecumre-
petías con tu inimitable acento argentino. Ella, justo delante de ti, abría las puertas de par en par:
estaban todas blindadas. Salisteis a la Plaza de San Pedro, hasta ese obelisco que, a mí, siempre
me ha parecido un índice apuntando hacia lo Alto. La Plaza estaba vacía, desierta, inusualmente
en estado de sitio. Y allí, en el medio, te arrodillaste en el suelo. Estuviste allí mucho tiempo, en
silencio, con las manos juntas con ese rasgo místico que veo en ti cuando rezas. Te quedaste ahí
mientras todo el mundo, dentro de casa, te seguía. Millones de cámaras apuntaban a tu cara, la
cara de Pedro, los periodistas todos en silencio, asombrados y mudos. El mundo, al saber que
estabas en la Plaza, se detuvo a mirarte. Y, mirándote a ti, a mirarle a Él. Tú, ahí arrodillado, eras
el puente: te llaman Pontí ce, no por casualidad. Pontí ce-máximo: mucho más que el puente de
Brooklyn o el que se levantará en Génova. Eres el Puente de Dios. Y allí, mientras rezabas, veía a
María poner su mano sobre tu cabeza. Es el gesto que muchas abuelas, en el norte de Italia, ha-
cen a sus nietos antes de salir de casa: ‘Que la Virgen ponga su mano en tu cabeza’ dicen. Como
diciendo: Ve y vuelve, te espero.
Dios allá arriba, nunca me ha parecido tan cercano a ti. Recuerdas cuando, en un momento
oscuro, me hablaste de esa página del Deuteronomio que tanto te gusta: ‘Y, en efecto, ¿hay alguna
nación tan grande que tenga los dioses tan cerca como lo está Yahvéh nuestro Dios siempre que
lo invocamos?’ (Dt 4,7). Moisés, en la primera lectura de hoy, golpeó la roca y brotó el agua que
disipó toda duda. ... Aquí estamos en guerra. Nos salvará el contacto directo con Dios, no el
streaming. Ya no es su ciente: te necesitamos, con tu equipo de Pontí ce y Bombero. ... No soy
ciertamente yo quien te sugiere qué hacer: Dios te garantiza la inspiración. Un Dios que, más de
una vez, confía sus cartas a la frágil voz de los sueños. ... A los que dicen: ‘¡¿Dónde está el Papa?!’
respondes con tu presencia: eres el ‘puente’ entre el cielo y la tierra, una tierra que languidece
—languidece el mundo desarrollado— mientras tú, que vienes del sur del mundo, nos muestras
que esta prueba está marcando en nuestra carne lo que signi ca el dolor de los pueblos que sufren
desde hace siglos. ¡Esta tierra enferma debe levantar los ojos al cielo y creer que solo necesita a Dios
y convertirse a Dios! Una Statio Orbis, el Papa Francisco, nada más. Una Statio Orbis planetaria.
Tú, solo, en la Plaza de San Pedro, mientras todo el mundo está desierto y los hombres encerrados
en sus casas, asustados por el contagio; por ser ellos mismos la causa del contagio: propagadores y
hommes sont tous enfermés dans leurs maisons, par peur de la contagion. D’être eux-mêmes la
cause de la contagion: des transmetteurs et des victimes à la fois. Élève la voix, ta prière, ton in-
tercession: implore Dieu de nous venir en aide! L’épreuve de cette contagion est en train d’ouvrir
les cœurs et les esprits de beaucoup vers Dieu. Tu es le «plus grand» homme sur terre: le Vicaire du
Christ. Arrête le monde, toute l’Église, a n que le monde élève son esprit et son cœur vers Dieu! Je t’en
supplie, Pape François. Dépêche-toi! Tu as le meilleur équipement pour éteindre cet incendie».
2
«Une Statio Orbis - écrivait encore Don Marco la semaine suivante - n’est pas une théologie
de la fantaisie, et encore moins une proposition fantaisiste de ceux qui, pour relever la barre, font
avancer l’impensable. La forme n’est pas une formalité, c’est une anticipation du contenu, un pré-
lude à ce qui est caché. C’est le vêtement même du Mystère. Dans la  gure de Pierre, le sommet
des mots coexiste avec le maximum de gestes: parler et gestuelle. Quand Pierre fait un geste, le
même que je pourrais aussi faire, ce geste a une valeur complètement di érente: la  gure qui le fait
décuple sa puissance. Il en va de même pour la parole: la parole humaine est, en un éclair, (dés)
humaine si elle est prononcée par Pierre.
On ne s’adresse donc pas à Pierre avec des mots qui n’ont pas été priés, agenouillés, ré échis,
pesés au préalable. Une théologie à genoux est la seule théologie possible. Pourquoi, alors, une
Statio Orbis qui dé e la planète entière? Parce qu’au milieu d’une course folle, il faut s’arrêter:
«Pourquoi courir si vous ne savez pas où aller», ai-je lu sur le mur d’une gare... Une Statio Orbis est
un arrêt: connaissez-vous la gare de l’ancienne voie ferrée? Imaginez ceci: on demande au train de
s’arrêter un instant, de s’arrêter à la gare de Saint-Pierre, de se mettre en relation avec le Christ. Ce
n’est pas une perte de temps, c’est prendre du temps: une pause, dans la  uctuation de l’histoire,
«pour faire le point sur le chemin parcouru et pour renouveler ses forces vers les objectifs futurs
de l’histoire et du temps. Dans cette pause, le monde chrétien tout entier est symboliquement
impliqué et présent».
3
C’est la même chose qui arrive quand l’Église fait une Statio Orbis devant
l’Eucharistie: elle «arrête le monde» devant un petit fragment de Pain, qui pour les chrétiens est
le Christ (et le Christ est Dieu), car c’est seulement en Lui que nous sommes sauvés. Un peu de la
même manière, j’imagine qu’un homme, Pierre, invite à «arrêter le monde» devant le Christ pour
que le monde croie que c’est seulement en Dieu que nous sommes sauvés. Que voulez-vous que
je vous dise? C’est comme demander l’humilité du monde qui manque tellement, ce «je n’ai pas
besoin de Dieu» qui s’avère être la forme moderne de l’athéisme».
4
J’ai cité les paroles de Don Marco dans leur intégralité, car elles expliquent bien le début,
l’origine, l’Esprit avec un E majuscule, qui a fait avancer l’idée reprise par le Pape. Si ceci a été le
prologue, le déroulement ( lmé par les caméras et les photographes de Vatican Media) a été conçu
par le maître des cérémonies ponti cales, MgrGuido Marini.
La réalisation télévisée était sobre, essentielle.
5
Six caméras pour raconter le vide de la place et
la prière du Pape. Son arrivée. Sa marche sous la pluie. Le cruci x qui semble pleurer. Les nuages
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víctimas al mismo tiempo. Levanta tu voz, tu oración, tu intercesión: ¡suplica a Dios que venga a
socorrernos! La prueba de este contagio está abriendo los corazones, las mentes de muchos a Dios.
Tú eres el hombre ‘más grande’ de la tierra: el Vicario de Cristo. ¡Detén al mundo, a toda la Iglesia,
para que el mundo eleve la mente y el corazón hacia Dios! Te lo ruego, Papa. ¡Date prisa! Tienes el
mejor equipo para apagar este incendio».
2
«Una Statio Orbis —escribía de nuevo don Marco la semana siguiente— no es una teología de
cción ni mucho menos una propuesta caprichosa de quienes, para subir el listón, proponen lo
improponible. ... La forma no es la formalidad, es anticipación de contenido, preludio de lo ocul-
to. Es la vestidura misma del Misterio. En la  gura de Pedro el culmen de la palabra coexiste con
lo máximo del gesto: el hablar y la gestualidad. Cuando Pedro hace un gesto, el mismo gesto que
podría hacer yo también, ese gesto tiene un valor completamente diferente: la  gura que lo realiza
multiplica por diez su poder. Lo mismo ocurre con la palabra: el hablar humano es, en un instante,
(des)humano si lo pronuncia Pedro. No nos dirigimos a Pedro, por tanto, con palabras que no
hayan sido previamente rezadas, arrodilladas, meditadas, ponderadas, sopesadas. Una teología de
rodillas es la única teología posible. ¿Por qué, entonces, una Statio Orbis que se dirige a todo el
planeta? Porque, en medio de una carrera desencadenada, hay que detenerse: ‘¿Por qué corres si
no sabes a dónde ir?’ leí en la pared de una estación de trenes. ... Una Statio Orbis es una parada:
¿recuerdas la vieja estación de trenes? Imagínatela así: se le pide al tren que se detenga por un mo-
mento, que se detenga en la estación de San Pedro, que se conecte con Cristo. No es una pérdida
de tiempo, es tomarse tiempo: una pausa, en el vaivén de la historia, ‘para hacer balance del camino
recorrido y recuperar fuerzas hacia las metas futuras de la historia y el tiempo. En esa pausa, todo
el mundo cristiano está simbólicamente involucrado y presente’ (G. Marchesi, La Civiltà Cattolica,
2000, q. 3608, p.173). Como cuando la Iglesia hace una Statio Orbis ante la Eucaristía: ‘detiene
el mundo’ ante un pequeño fragmento de pan, que para los cristianos es Cristo (y Cristo es Dios),
porque solo en Él nos salvamos. De la misma manera, imagino que un hombre, Pedro, pide ‘de-
tener el mundo’ ante Cristo para que el mundo crea que solo en Dios somos salvos. ¿Qué quieres
que te diga? Es como pedir la humildad del mundo que tanto falta, ese ‘no necesito a Dios’ que se
está revelando como la forma moderna del ateísmo».
3
He reproducido íntegramente las palabras de don Marco, porque explican bien el comienzo, el
origen, el Espíritu con E mayúscula, que inspiró la idea que el Papa hizo suya.
Si este fue el prólogo, el desarrollo ( lmado por las cámaras y los fotógrafos de Vatican Media)
fue concebido por el maestro de ceremonias ponti cias, monseñor Guido Marini.
La dirección televisiva fue sobria, esencial.
4
Seis cámaras para contar el vacío de la Plaza y la
oración del Papa. Su llegada. Su caminar bajo la lluvia. El cruci jo que parece llorar. Las nubes
en el cielo. Los destellos de luz. El Papa que reza. El ruido de las sirenas que rompe el silencio. El
mundo entero que observa. Los cámaras y fotógrafos invisibles.
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dans le ciel. Les projections de lumière. Le Pape en prière. Le son des sirènes qui brise le silence.
Le monde entier regarde. Les cameramen et les photographes sont invisibles.
Voilà encore le thème de l’invisibilité. Je pense que nous pourrions parler pendant des heures
et des heures de la naissance de l’idée, de la réalisation, de la lumière, de la photographie, de la
raison pour laquelle la place a été choisie et non la basilique, de la raison pour laquelle le Pape est
monté à pied, de la relation entre la place vide et les centaines de millions de personnes rassem-
blées dans la prière, du silence et des mots; mais nous risquons de perdre le sens de ce que c’était;
nous risquons de penser que la communication a les mêmes règles pour l’Église que le cinéma, la
télévision, le théâtre, les spectacles. Mais de cette manière – le Pape François nous a admonestés
– «nous  nissons par apprivoiser le Christ». Ainsi, on ne témoigne plus de ce qui œuvre pour le
Christ, mais on parle au nom d’une certaine idée du Christ. Une idée possédée et apprivoisée par
ceux qui organisent les choses et deviennent de petits imprésarios.
6
La vérité est que le 27mars a été un moment mystérieux et puissant de kairos autour d’une
simple prière.
Comme l’a dit François à propos de Pierre et des apôtres, «le protagoniste des Actes des Apôtres
n’est pas les apôtres. Le protagoniste est le Saint-Esprit. Les apôtres sont les premiers à le recon-
naître et à l’attester. (...) L’expérience des apôtres est comme un paradigme qui s’applique pour
toujours. Il su t de penser à la façon dont les choses dans les Actes des Apôtres se passent gratui-
tement, sans forcer. C’est une histoire, une histoire d’hommes dans laquelle les disciples viennent
toujours en second, ils viennent toujours après le Saint-Esprit qui agit. Il prépare et travaille les
cœurs. Il bouleverse leurs plans. C’est lui qui les accompagne, les guide et les console dans toutes
les circonstances où ils se trouvent. (...) Il est inutile de s’inquiéter. Pas besoin de nous organiser,
pas besoin de crier. Nous n’avons pas besoin d’astuces ou de stratagèmes. Il su t de demander à
pouvoir répéter aujourd’hui l’expérience qui te fait dire «nous avons décidé, l’Esprit Saint et nous».
(...) Sans l’Esprit, vouloir faire la mission devient autre chose. (...) Celui qui pense être le protago-
niste ou l’imprésario de la mission, avec toutes ses bonnes intentions et ses déclarations d’intention
nit souvent par n’attirer personne. La mission n’est pas (...) un spectacle organisé pour compter
combien de personnes y participent grâce à notre propagande. Le Saint-Esprit agit comme il veut,
quand il veut et où il veut».
7
C’est précisément en cela que réside le caractère extraordinaire du 27mars. Sa capacité à com-
muniquer vient de la vérité. Le Pape était seul comme chacun d’entre nous. Tout seul devant Dieu.
Tous unis devant Dieu. Tout est fragile et entre ses mains.
Dans l’une des homélies de Sainte-Marthe, le Pape François a dit que «le Seigneur console tou-
jours dans la proximité, avec la vérité et dans l’espérance». Dans la proximité, jamais à distance: «Je
suis là». Ce beau mot: «Je suis là. Je suis là, ici, avec vous.» Et souvent en silence. Mais nous savons
qu’Il est là. Il est toujours là. Cette proximité qui est le style de Dieu, même dans l’Incarnation,
De nuevo el tema de la invisibilidad. Creo que podríamos hablar durante horas y horas sobre
el nacimiento de la idea, la dirección, la luz, la fotografía, el porqué se eligió la Plaza y no la
Basílica, el porqué el Papa subió andando, sobre la relación entre la Plaza vacía y los cientos de
millones de personas reunidas en oración, sobre el silencio y las palabras; pero corremos el riesgo
de perder el sentido de lo que ha ocurrido; corremos el riesgo de pensar que la comunicación
tiene las mismas reglas para la Iglesia que el cine, la televisión, el teatro, los espectáculos. Pero
de esta manera —nos advierte el Papa Francisco— «se acaba domesticando a Cristo». Así, ya
no se da testimonio de lo que obra por Cristo, sino que se habla en nombre de una cierta idea
de Cristo. Una idea poseída y domesticada por quien organiza las cosas y se convierte en un
pequeño empresario.
5
La verdad es que el 27 de marzo fue un momento misterioso y potente de kairos en torno a
una oración sencilla.
Como ha a rmado Francisco a propósito de Pedro y los apóstoles, «El protagonista de los
Hechos de los Apóstoles no son los apóstoles. El protagonista es el Espíritu Santo. Los apóstoles
son los primeros en reconocerlo y atestiguarlo. (...) La experiencia de los apóstoles es como un
paradigma que vale para siempre. Basta pensar en cómo ocurren las cosas en los Hechos de los
Apóstoles de una manera gratuita y sin forzar. Es una historia, una historia de hombres en la
que los discípulos siempre llegan segundos, siempre llegan después del Espíritu Santo que actúa.
Él prepara y trabaja los corazones. Trastorna sus planes. Es él quien los acompaña, los guía y
los consuela en todas las circunstancias que viven. (...) Es inútil alterarse. No hay necesidad de
que nosotros organicemos, no hay necesidad de gritar. No se necesitan trucos ni estratagemas.
Lo único que hace falta es pedir que podamos tener hoy la experiencia que te hace decir ‘hemos
decidido el Espíritu Santo y nosotros’. (...) Sin el Espíritu, querer hacer la misión se convierte
en otra cosa. (...) Quien piensa en ser el protagonista o el empresario de la misión, con todas
sus buenas intenciones y declaraciones de intenciones, muchas veces acaba sin atraer a nadie. La
misión no es (...) un espectáculo organizado para contar cuántas personas participan gracias a
nuestra propaganda. El Espíritu Santo obra como quiere, cuando quiere y donde quiere».
6
El carácter extraordinario del 27 de marzo consiste precisamente en esto. Su capacidad comu-
nicativa proviene de la verdad. El Papa estaba solo como cada uno de nosotros. Todos solos ante
Dios. Todos unidos ante Dios. Todos frágiles y en sus manos.
En una de las homilías de Santa Marta el Papa Francisco dice que «el Señor siempre consuela
en la cercanía, con la verdad y en la esperanza». «En la cercanía, nunca lejos: ‘estoy aquí’. Esa her-
mosa palabra: ‘estoy aquí’. ‘Estoy aquí contigo’. Y muchas veces en silencio. Pero sabemos que Él
está aquí. Él siempre está aquí. Esa cercanía que es el estilo de Dios, también en la Encarnación,
para acercarse a nosotros. El Señor consuela en la cercanía. Y no usa palabras vacías, por el con-
trario, pre ere el silencio. La fuerza de la cercanía, de la presencia. Habla poco. Pero está cerca».
7
se rendant proche de nous. Le Seigneur console dans la proximité. Et il n’utilise pas de mots vides
de sens, il préfère même le silence. La force de la proximité, de la présence. Il parle peu, mais il est
proche».
8
La parole a toujours besoin de silence. Et le silence n’est éloquent que lorsqu’il fait écho à la
parole. Tel était le cas le 27mars. Ce silence, comme l’a dit le Pape, nous a demandé: «Pourquoi
êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?». Ce silence était un appel à la foi. Un appel
urgent: “Convertissez-vous”, “revenez à moi de tout votre cœur” (Joël 2,12). Ce silence nous a
appelés à «saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix». Dans ce silence retentissaient les
paroles de François: «Ce n’est pas le temps de ton jugement, mais de notre jugement: le temps de
choisir ce qui compte et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le
moment de rediriger le cours de la vie vers Toi, Seigneur, et vers les autres».
Paolo Ru ni
Préfet du Dicastère pour la Communication
1
M P, A Sua Immagine, RaiPlay, 15 mars 2020, https://www.youtube.com/watch?v=v92a4NXWYAw
2
M P, Papa(‘) Francesco, in ginocchio: “Intervieni tu, fai presto”!, 15 mars 2020, https://www.sullastradadiemmaus.it/
sezioni-del-sito/ approfondimenti/3386-papa-francesco-in-ginocchio-intervieni-tu-fai-presto
3
G. M, Civiltà Cattolica, 2000, q. 3607, p. 173.
4
M P, Il Papa annuncia la “Statio orbis” per il globo che vorrà, 22 mars 2020, https://www.sullastradadiemmaus.it/
sezioni-del-sito/approfondimenti/3396-il-papa-annuncia-la-statioorbis-per-il-globo-che-vorra
5
Cf. D E V, Francesco: scena e drammatica dell’amore, Settimana News 19-04-2020, http://www.
settimananews.it/papa/francesco-scena-drammatica-amore/
6
P F, Sans Jesus, nous ne pouvons rien faire, Bayard, Paris 2020 (ici traduit directement de l’édition italienne : Senza
di Lui non possiamo far nulla, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 2019, pp. 15-16).
7
Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire (de l’édition italienne, pp. 21-30).
8
P F, Homélie, 8 mai 2020, http://www.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2020/documents/papa-francesco-
cotidie_20200508_lavicinanza-lostile-didio.html
20 | 21
La palabra siempre necesita silencio. Y el silencio solo es elocuente cuando la palabra resuena.
Así fue el 27 de marzo. Ese silencio, como dijo el Papa, nos interrogaba: «¿Por qué tenéis miedo?
¿Aún no tenéis fe?». Ese silencio era un llamamiento a la fe. Un llamamiento urgente: «Conver-
tíos», «volved a mí de todo corazón» (Jl 2,12). Ese silencio nos ha llamado «tomar este tiempo
de prueba como un momento de elección». En ese silencio han resonado las palabras de Francisco:
«No es el momento de tu juicio, sino de nuestro juicio: el tiempo para elegir entre lo que cuenta
verdaderamente y lo que pasa, para separar lo que es necesario de lo que no lo es. Es el tiempo de
restablecer el rumbo de la vida hacia ti, Señor, y hacia los demás».
Paolo Ru ni
Prefecto del Dicasterio para la Comunicación
1
M P, A Sua Immagine, RaiPlay, 15 de marzo de 2020, https://www.youtube.com/watch?v=v92a4NXWYAw
2
M P, Papa (’) Francesco, in ginocchio: «Intervieni tu, fai presto»!, 15 de marzo de 2020, https://www.
sullastradadiemmaus.it/sezioni-del-sito/approfondimenti/3386-Papa-francesco-inginocchio-intervieni-tu-fai-presto
3
M P, Il Papa annuncia la «Statio orbis» per il globo che vorrà, 22 de marzo de 2020, https://www.
sullastradadiemmaus.it/sezioni-del-sito/approfondimenti/3396-il-Papa-annuncia la-statio orbis-per-il-globo-che-vorra
4
Cfr. D E V, Francesco: scena e drammatica dell’amore, in «Settimana News» 19-04-2020, http://
www.settimananews.it/Papa/francesco-scena-drammatica-amore/
5
P F, Senza di Lui non possiamo far nulla, LEV, Città del Vaticano, pp. 15-16.
6
Cfr. Senza di Lui non possiamo fare nulla, pp. 21-30.
7
P F, Homilía de Santa Marta, 8 de mayo de 2020, http://www.vatican.va/content/francesco/es/
cotidie/2020/documents/papa-francesco-cotidie_20200508_lavicinanza-lostile-didio.html
20 | 21
Méditation
du Saint-Père
Parvis de la basilique Saint-Pierre
27 mars 2020
Meditación
del Santo Padre
Atrio de la Basílica de San Pedro
27 de marzo de 2020
« Le soir venu » (Mc 4,35)
Ainsi commence l’Évangile que nous avons écouté.
Depuis des semaines, la nuit semble tomber.
D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ;
elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un
silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur
son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes,
les regards le disent.
Nous nous retrouvons apeurés et perdus.
24 | 25
«Al atardecer» (Mc 4,35)
Así comienza el Evangelio que hemos escuchado.
Desde hace algunas semanas parece que todo se ha oscurecido.
Densas tinieblas han cubierto nuestras plazas, calles y ciudades;
se fueron adueñando de nuestras vidas llenando todo de un
silencio que ensordece y un vacío desolador que paraliza todo
a su paso: se palpita en el aire, se siente en los gestos, lo dicen
las miradas.
Nos encontramos asustados y perdidos.
24 | 25
Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris
au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse.
Nous nous rendons compte que nous nous trouvons
dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en
même temps tous importants et nécessaires, tous appelés
à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter
mutuellement.
Dans cette barque... nous nous trouvons tous.
Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et dans
l’angoisse disent : « Nous sommes perdus » (v. 38), nous
aussi, nous nous apercevons que nous ne pouvons pas aller
de l’avant chacun tout seul, mais seulement ensemble.
Il est facile de nous retrouver dans ce récit.
26 | 27
Al igual que a los discípulos del Evangelio, nos sorprendió
una tormenta inesperada y furiosa.
Nos dimos cuenta de que estábamos en la misma barca,
todos frágiles y desorientados; pero, al mismo tiempo,
importantes y necesarios, todos llamados a remar juntos,
todos necesitados de confortarnos mutuamente.
En esta barca, estamos todos.
Como esos discípulos, que hablan con una única voz y con
angustia dicen: «perecemos» (cf. v. 38), también nosotros
descubrimos que no podemos seguir cada uno por nuestra
cuenta, sino solo juntos.
Es fácil identi carnos con esta historia.
26 | 27
Ce qui est di cile, c’est de comprendre le comportement
de Jésus.
Alors que les disciples sont naturellement inquiets et
désespérés, il est à l’arrière, à l’endroit de la barque qui
coulera en premier.
Et que fait-il ?
Malgré tout le bruit, il dort serein, con ant dans le Père
– c’est la seule fois où, dans l’Évangile, nous voyons Jésus
dormir –.
Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les
eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche :
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas
encore la foi ? » (v. 40).
28 | 29
Lo difícil es entender la actitud de Jesús.
Mientras los discípulos, lógicamente, estaban alarmados
y desesperados, Él permanecía en popa, en la parte de la
barca que primero se hunde.
Y, ¿qué hace?
A pesar del ajetreo y el bullicio, dormía tranquilo,
con ado en el Padre —es la única vez en el Evangelio
que Jesús aparece durmiendo—.
Después de que lo despertaran y que calmara el viento y las
aguas, se dirigió a los discípulos con un tono de reproche:
«¿Por qué tenéis miedo? ¿Aún no tenéis fe?» (v. 40).
28 | 29
Cherchons à comprendre.
En quoi consiste le manque de foi de la part des disciples,
qui s’oppose à la con ance de Jésus ?
Ils n’avaient pas cessé de croire en lui. En e et,
ils l’invoquent.
Mais voyons comment ils l’invoquent : « Maître, nous
sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » (v. 38).
Cela ne te fait rien : ils pensent que Jésus se désintéresse
d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux.
Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait
le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire :
Tu ne te soucies pas de moi ?”.
C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes
dans le cœur.
Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne,
tient à nous. En e et, une fois invoqué, il sauve ses
disciples découragés.
La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces
sécurités, fausses et super ues, avec lesquelles nous avons
construit nos agendas, nos projets, nos habitudes
et priorités.
Tratemos de entenderlo.
¿En qué consiste la falta de fe de los discípulos que se
contrapone a la con anza de Jesús?
Ellos no habían dejado de creer en Él; de hecho,
lo invocaron.
Pero veamos cómo lo invocan: «Maestro, ¿no te importa
que perezcamos?» (v. 38).
No te importa: pensaron que Jesús se desinteresaba de ellos,
que no les prestaba atención.
Entre nosotros, en nuestras familias, lo que más duele es
cuando escuchamos decir: «¿Es que no te importo?».
Es una frase que lastima y desata tormentas en el corazón.
También habrá sacudido a Jesús, porque a Él le
importamos más que a nadie.
De hecho, una vez invocado, salva a sus discípulos
descon ados.
La tempestad desenmascara nuestra vulnerabilidad y deja
al descubierto esas falsas y super uas seguridades con
las que habíamos construido nuestras agendas, nuestros
proyectos, rutinas y prioridades.